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«Le culte marial est autorisé et gardé…»

Ghiaie di Bonate - Italie
Chapelle paroissiale «Marie, Reine de la Famille»

Le 13 février 2019, l’évêque de Bergame a officiellement annoncé avoir émis un décret daté du 1er janvier 2019 qui autorise le culte marial à “Maria Regina della Famiglia” à la petite chapelle de Ghiaie di Bonate. Il exclut cependant toute référence aux messages, apparitions et autres phénomènes de supposée nature surnaturelle. Le décret a été accompagné d’une lettre de l’évêque à l’adresse des pèlerins et voyageurs qui viennent sur ce lieu pour prier.

La lettre de l’évêque
A tous les pèlerins et passants qui viennent en ce lieu: Paix et bénédictions! Terre de cailloux, terre de foi que celle de Ghiaie di Bonate.
En ce terrain pentu vers le lit de la rivière Brembo, à la seconde moitié des années 1700, se tenait déjà une petite église dédiée à saint Joseph. Inversement, c’est à la fin des années 1800 qu’arriva de Paris la statue toujours présente de la Madone, après avoir été bénie près de la grotte de Lourdes: dès lors, Ghiaie ne manqua jamais de sentir fortement la présence de Marie, au point de commencer la construction d’un temple dédié à la Sainte Famille, le premier et alors l’unique, dans le diocèse de Bergame.
Dans la lettre apostolique Neminem fugit, publiée en 1892, Léon XIII invitait les familles et en particulier les familles nouvelles des maisons ouvrières, à se mettre sous la protection consolante de la Sainte Famille de Nazareth. Autour de l’église de la Sainte Famille se blottirent des familles toujours plus nombreuses d’ouvriers qui, sur les rives du Brembo, travaillaient près de l’établissement Linificio, au point que Mgr l’évêque Luigi Maria Merelli, dans ce quartier désormais populeux, décida d’élever canoniquement la paroisse de Ghiaie di Bonate, en l’intitulant justement «la Saint Famille». C’était le 21 septembre 1921.
Vie de fatigue, vie de dur travail que celle de l’usine, mais outre les nombreuses tâches du quotidien, le temps ne manquait pas pour égrener le Rosaire. Cette prière si simple et si quotidienne, qui unissait tous, petits et grands, jeunes et vieux, récitée dans la simplicité du foyer domestique comme dans celle de l’église paroissiale, si désirée, en contemplant les mystères du rosaire peints en fresque sur les parois.
Courent les dizaines, comme la rivière avec ses crues et ses décrues, quand dans les tristes et lourdes années de guerre, le 13 mai 1944, une petite fille de sept ans, Adélaïde Roncalli, soutint avoir vu la Vierge Marie avec saint Joseph et l’Enfant-Jésus dans les bras: la Sainte Famille. Il y eut douze présumées apparitions jusqu’au 31 mai 1944. La Vierge, selon le récit de l’enfant lui parla en dialecte, invitant à la prière, à la conversion, à la pénitence.
Beaucoup de gens, énormément accoururent: une lumière d’espérance dans l’obscurité de la tempête.
L’évêque, Mgr Adrien Bernareggi, après attentive réflexion, toute chose pondérée, déclara qu’il n’y avait pas d’éléments tels à pouvoir établir la surnaturalité des présumées apparitions: Non constat!
L’Eglise, Mère et Maîtresse, est prudente, autant qu’elle est patiente!
Aux pasteurs, il est demandé d’assumer la responsabilité d’indiquer une route sûre, plutôt qu’un chemin tortueux et incertain.
Ce fut un jugement solide: dans les décennies suivantes, les évêques de Bergame, personnellement et avec l’aide d’experts, toujours en dialogue avec le Saint-Siège, ne cessèrent d’interroger et de s’interroger sur les faits de Ghiaie, mais jamais ils n’ont retenu de s’écarter d’un tel jugement autorisé: sans rien enlever à la richesse d’une profonde expérience spirituelle, aujourd’hui comme hier, il n’y a pas d’éléments suffisants qui puissent attester le caractère surnaturel des présumées apparitions. Les années passent, les décennies, et même si quelqu’un a tenté d’instrumentaliser la dévotion du peuple de Dieu, la grande majorité des fidèles, y compris Adelaïde elle-même, s’est toujours confiée avec loyauté à la sagesse de l’Eglise en vivant une vraie et féconde dévotion mariale. Un fleuve de fidèles, jamais contre quelqu’un, mais toujours avec l’Eglise. Ainsi, dans le temps cette dévotion à Marie Reine de la Famille qui déjà précédait les événements de 1944 s’est consolidée et les a traversés en allant au-delà des événements eux-mêmes.
Un fleuve de personnes qui avec humilité et simplicité, ont porté au Christ Seigneur, à travers la maternelle intercession de sa bienheureuse Mère, joie et souffrances, leur vécu, leur quotidien, espérance et douleurs, sachant bien qu’elle pouvait comprendre, qu’elle pouvait les porter à celui qui par sa Croix, a racheté le monde. «En effet intimement entrée dans l’histoire du salut, Marie rassemble et reflète en elle-même d’une certaine façon les requêtes suprêmes de la foi et, lorsqu’on la prêche et l’honore, elle renvoie les croyants à son Fils et à son sacrifice, ainsi qu’à l’amour du Père. L’Eglise, à son tour, poursuivant la gloire du Christ, se fait de plus en plus semblable à son grand modèle en progressant continuellement dans la foi, l’espérance et la charité, en recherchant et accomplissant en tout la divine volonté. C’est pourquoi, dans l’exercice de son apostolat, l’Eglise regarde à juste titre vers celle qui engendra le Christ, conçu du Saint-Esprit et né de la Vierge précisément afin de naître et de grandir aussi par l’Eglise dans le cœur des fidèles. La Vierge a été par sa vie le modèle de cet amour maternel dont doivent être animés tous ceux qui, associés à la mission apostolique de l’Eglise, coopèrent pour la régénération des hommes.» (Lumen Gentium, 65)
A la Reine de la Famille, chacun a apporté et continue d’apporter sa propre famille, joie et espérance, sachant bien que rien ne sera perdu dans les mains d’une Mère si providentielle.
La dévotion à Marie, cultivée à Ghiaie di Bonate est rendue si féconde à l’exemple de la maison de Nazareth, «L’école où on a commencé à comprendre la vie de Jésus, c’est-à-dire l’école de l’Evangile. Ici, on apprend à observer, à écouter à méditer, à pénétrer la signification si profonde et si mystérieuse de cette manifestation du Fils de Dieu si simple, si belle. Ici, à cette école, certainement, nous comprenons pourquoi nous devons avoir une disciplines spirituelle, si nous voulons suivre la doctrine de l’Evangile et devenir disciple du Christ […] En premier lieu, elle nous enseigne le silence. Oh, si renaissait en nous l’estime du silence, atmosphère admirable et indispensable de l’esprit. Tandis que nous sommes étourdis par tant de vacarme, de bruit et de voix criantes dans la tumultueuse vie agitée de notre temps […] Ici, nous comprenons la façon de vivre en famille. Nazareth nous rappelle ce qu’est la famille, ce qu’est la communion d’amour, sa beauté austère et simple, son caractère sacré et inviolable; Nazareth nous fait voir combien est douce et irremplaçable l’éducation en famille, Nazareth nous enseigne sa fonction naturelle dans l’ordre social.» (Paul VI, discours tenu à Nazareth, 05.01.1964)

C’est cette dévotion vraie, concrète, humble et fidèle, dans l’Eglise et avec l’Eglise qui illumine le chemin de tant de fidèles et que le Saint-Siège lui-même m’a demandé d’accompagner et de protéger.
Une lumière que le temps a purifiée, consolidée et renforcée.
Maintenant, c’est le moment que cette dévotion, toujours accompagnée et jamais étouffée par les pasteurs de l’Eglise, libre de liens avec l’esprit partisan et de ce besoin de signes qui cache l’incrédulité, puisse rayonner, illuminer et soutenir le chemin de tant de fidèles, surtout ceux qui sont dans la peine et la souffrance.
Une dévotion, qui justement ici à Ghiaie di Bonate, trouve un port sûr près de la petite chapelle dédiée à Marie, Reine de la Famille, petite maison pour tous les pèlerins et voyageurs.
Ici, à Ghiaie di Bonate, confié à la prudente et sage direction des pasteurs de la communauté paroissiale. Ici à Ghiaie di Bonate, où l’engagement digne de la communauté paroissiale, soutenu par celle du diocèse, a vécu ces années un effort, non indifférent, mais nécessaire pour protéger et garder ces lieux pour qu’ils restent des lieux de silence, d’accueil simple et cordial. De cette essentialité où tous, vraiment tous, sans exclusion de personne, puissent se sentir chez eux.
Comme l’écrit le Pape François: «Marie a vécu comme personne d’autre les Béatitudes de Jésus. Elle est celle qui tressaillait de joie en présence de Dieu, celle qui conservait tout dans son Cœur et qui s’est laissé transpercer par l’épée. C’est la Sainte parmi les saints, la plus Bénie, celle qui nous montre la voie de la sainteté et qui nous accompagne. Elle n’accepte pas que lorsque nous tombons, nous restions à terre et parfois, elle nous porte dans ses bras sans nous juger. Parler avec elle nous console, nous libère, nous sanctifie. La Mère n’a pas besoin de tant de paroles, elle n’a pas besoin que nous nous efforcions trop de lui expliquer ce qui nous arrive. Il suffit de chuchoter encore et encore: “Ave, o Maria…”» (Gaudete et Exultate, n. 176).
Merci très cher pèlerin, et voyageur, pour ton passage et ta visite. Je te demande une prière pour moi aussi et pour l’Eglise de Bergame, t’assurant de la mienne. Que Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, par l’intercession de Marie, Reine de la Famille, te bénisse, toi et les tiens.
Bergame, 1er janvier 2019, Maria Santissima, Madre di Dio.

+ Francesco Beschi, évêque de Bergame.
D’Alberto Lombardoni, Segno n. 370, p. 42-43 avril 2019

Le décret de Mgr Beschi
Considérant qu’en la localité de Ghiaie di Bonate Sopra, depuis le début des années 1900 a été constituée une paroisse dédiée à la Sainte Famille et vénérée avec une profonde dévotion populaire.
Que Marie y est invoquée depuis ce temps avec le titre de «Reine de la Sainte Famille»;
Que sur des événements présumés surnaturels se sont exprimés de manière concordante mes prédécesseurs, en particulier mon prédécesseur Mgr Adriano Bernareggi, lequel par le décret 2424 du 30 avril 1948 affirmait «non constat de» la réalité des apparitions et révélations de la Bienheureuse Vierge Marie, à Adelaïde Roncalli, à Ghiaie di Bonate en mai 1944»;
Que la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, par une lettre prot. n. 240/1944-67408 du 20 novembre 2018 dispose: «Sous réserve de ce qui a été décidé en son temps, c’est-à-dire en ne reconnaissant pas de motifs raisonnables pour mettre en discussion un discernement ecclésial de l’évêque de Bergame qui s’est conclu en 1948 par le non constat des apparitions, ce dicastère autorise votre excellence à entreprendre les pas vers une régularisation du culte marial à Bonate;
Qu’au cours des années, une solide dévotion mariale s’est consolidée, mais aussi de nombreux pèlerins accourent à la chapelle locale dédiée à Maria Reine de la Famille, pour confier à la suppliante intercession de la Mère de Dieu leur propre chemin et celui de leur propre famille;
Que la dévotion du peuple de Dieu demande à être accompagnée, soutenue et guidée sur un authentique chemin de communion ecclésiale;
Sont révoquées toutes dispositions contraires, avec le présent acte, nous établissons:
1. Que le culte marial qui a toujours été cultivé et recommandé dans la vie de l’Eglise, doit être proposé et pratiqué en conformité au Magistère de l’Eglise (Constitution conciliaire Lumen Gentium, ch. VIII; Paul VI, exhortation apostolique Marialis cultus (2/2/1974); Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, directoire sur la piété populaire et la liturgie (200), nn. 183-207)
2. Que près de la chapelle paroissiale «Marie, Reine de la Famille» à Ghiaie di Bonate le culte marial est autorisé et gardé, à l’exclusion de toute référence aux message­s, apparitions et autres phénomènes de présupposée nature surnaturelle.
3. Que l’exercice du culte près de la-dite chapelle soit soumis au soin et à la vigilance du curé pro-tempore, lequel pourra recourir à la collaboration d’autres prêtres avec l’approbation de l’ordinaire diocésain. Il appartient en particulier au curé:
a) de modérer le culte marial, en excluant les références aux phénomènes non approuvés par l’Eglise;
b) de veiller à l’observance des règles canoniques universelles et particulières autour de la célébration des sacrements et des sacramentaux.
c) de présider les actes du culte qui se dérouleront dans la chapelle paroissiale ou de déléguer directement et personnellement à d’autres prêtres qui se conforment aux exigences requises du droit universel et particulier.
Le présent décret entrera en vigueur le 11 février 2019, Bienheureuse Vierge Marie de Lourdes.
Bergame, 1er janvier 2019, Marie très sainte Mère de Dieu.
+ Francesco Beschi, évêque de Bergame

Dans l’Eglise, il existe plusieurs formes de «constat» pour les révélations privées et apparitions

1. Constat facta quovis fundamento carere: Les faits rapportés sont sans fondement. (Mensonge, illusions…)
2. Constat de non supernaturalitate factorum: il n’y a pas de caractère surnaturel.
3. Constat de supernaturalitae factorum: reconnaissance effective d’une origine surnaturelle.
4. Non constat de supernaturalitate factorum: l’origine surnaturelle ne peut être prouvée.
C’est ce dernier cas qui est ici retenu. Ce n’est pas une fermeture définitive des événements. A ce jour, on ne peut rien constater de surnaturel… mais la porte reste ouverte dans le futur, au cas où… il y aurait matière à rouvrir l’enquête.
Rendons grâce à Dieu pour cette petite avancée, qui permet enfin aux pèlerins d’être au moins accueillis en Eglise auprès de cette petite chapelle «Marie Reine de la Famille», même si ces apparitions ne sont toujours pas reconnues et si on ne doit toujours pas y faire référence sur place.
Ces apparitions sont authentiques: Adelaïde Roncalli l’a redit à l’heure de sa mort. Bien plus, la Sainte Famille les a confirmées à Itapiranga en Amazonie, à Edson Glauber, alors qu’il en ignorait l’histoire et le lieu.

(A suivre)

Informations pratiques:
Paroisse: 00 39 035 99 59 78
http://www.madonnadelleghiaie.it
infocontatti@madonnadelleghiaie.it

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