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L’homme, de chair et d’esprit

«L’esprit est prompt, mais la chair est faible.» (Mt 26,41)

«D’où viennent les guerres, et d’où viennent les querelles parmi vous? N’est-ce pas de vos passions qui combattent dans vos membres?…» (Jc 4,1)

Faut-il haïr le corps qui est destiné à la tombe? Certains s’y sont laissé prendre, confondant l’enveloppe charnelle avec le péché qui la souille et ne voyant en lui qu’un obstacle à la sainteté. Or, c’est le péché qui est haïssable, non le corps! Don de Dieu comme l’âme qui l’anime, il est porteur d’une sacralité indéniable. Le Seigneur a voulu qu’il joue un rôle capital dans le dur labeur de la conversion, indispensable au Salut, car Adam et Eve, créés avec un esprit et une chair assortie, ont péché avec leur esprit et leur chair et les ont tous deux empoisonnés. L’homme «partiel» ne peut hériter du Ciel, âme seule ou corps seul. Les deux partageront le même destin d’Eternité, après avoir (ou non) œuvré conjointement à la sanctification de «l’homme total», fait d’argile vivifiée par l’esprit, à l’image et ressemblance du Christ Dieu et Homme.
Que nous dit l’Ecriture sur notre part charnelle? Elle tient deux discours qui peuvent sembler contradictoires si on ne les place pas immédiatement côte à côte, comme les éléments complémentaires d’un tout cohérent.
Le premier n’est guère clément: le corps est porteur de péché et de mort. On y parle corps de misère, corps de notre humiliation, corps vil, insolence et faiblesse de la chair, chair capable de rien en laquelle nul bien n’habite, nocivité de la pensée charnelle…
«Nous savons que la Loi est spirituelle; mais moi je suis un être de chair, vendu au pouvoir du péché.» (Rm 7,14)
«Le désir de la chair, c’est la mort, tandis que le désir de l’esprit, c’est la vie et la paix.» (Rm 8,6)
«Quand nous étions dans la chair, les passions pécheresses qui se servent de la Loi opéraient en nos membres, afin que nous fructifiions pour la mort.» (Rm 7,5)
Le second discours nous apprend que notre corps, tout charnel qu’il soit, est lui aussi convoité par Dieu!
«(…) faites de vos membres des armes de justice au service de Dieu.» (Rm 6,13)
Revêtu de gloire céleste ou de honte infernale, il ressuscitera au dernier jour, afin de s’unir à son âme pour une éternité de bonheur ou d’horreur.
«Si l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous.» (Rm 8,11)
Une lecture superficielle peut induire en erreur: ces versets1 ne sont pas en opposition avec les précédents, ils sont en quelque sorte les étages supérieurs du même édifice ou mieux, son couronnement. Pour passer des uns aux autres, il nous faut monter de plusieurs degrés sur l’échelle qui mène au Monde de l’Esprit.
Les premiers sont là pour nous rappeler que le Péché originel a imprimé sa marque fatale dans notre chair même, la rendant passible et mortelle, alors qu’elle avait été créée incorruptible. Notre nature blessée est contrainte de réprimer une inclinaison au mal – la concupiscence – qui cherche continuellement à la dominer, étouffant sa liberté première d’enfant de Dieu. Saint Paul décrit ce fléau hérité d’Adam et Eve: «… je ne fais pas le bien que je veux et commets le mal que je ne veux pas.» (Rm 7,19), précisant ainsi le constat des sages des temps antiques:
«Les pensées des mortels sont timides, et instables nos réflexions; un corps corruptible, en effet, appesantit l’âme et cette tente d’argile alourdit l’esprit aux multiples soucis.» (Sg 9,14-15)
Ce sombre tableau est heureusement éclairé par les seconds versets, porteurs de l’Espérance suprême, cœur du Message évangélique, mais en même temps d’une grande exigence: le désir de Dieu de venir habiter en nous, par Amour.
Jésus: «Si quelqu’un m’aime, il gardera ma Parole et mon Père l’aimera et nous viendrons vers lui et nous nous ferons une demeure chez lui.» (Jn 14,23)
L’homme, Demeure du Dieu d’Amour! La condition de l’inhabitation divine – la fidélité au trésor sans prix de sa Parole –, dépasse de loin nos facultés. Jésus le dit à ses Apôtres qui lui demandent «qui peut être sauvé»: «Pour les hommes, c’est impossible, mais non pour Dieu: car tout est possible pour Dieu.» (Lc 18,26-27) Pourtant, notre objectif est là, inchangé depuis deux mille ans. Si Dieu nous sollicite en dépit de notre incapacité, c’est qu’il existe une Voie qui nous conduit de notre misère à cette dignité sublime de «Demeure de Dieu». Cette Voie, c’est le Christ lui-même, lui qui est «la Voie, la Vérité et la Vie» (Jn 14,6).
Nous remporterons la victoire contre les passions pécheresses qui opèrent dans nos membres, afin que nous fructifiions pour la mort (Rm 7,5) dans la mesure exacte de notre abandon confiant à son Amour sanctificateur. De lui nous viendront la force et tous les dons de l’Esprit nécessaires à notre renaissance en un homme renouvelé par une transformation spirituelle (Eph 4,23). Notre contribution? Une volonté ferme, parce que fondée sur la soif inextinguible de Dieu, de son Amour, de sa Beauté, de ses Perfections infinies. Seule cette soif a pouvoir de conserver notre cœur fidèle au Seigneur, tant les tentations de l’Ennemi sont virulentes. Pour renoncer à un appât, il faut être séduit par un bien plus attractif. Si forte que soit la convoitise attisée par Satan, elle fondra comme neige au soleil devant la Splendeur divine. On saisit que la tiédeur ne convienne pas dans la quête du Royaume des Cieux!
«Puisque le désir de la chair est inimitié contre Dieu: il ne se soumet pas à la loi de Dieu, (…) et ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu» (Rm 8,7-8), l’homme n’a guère le choix s’il veut atteindre son objectif de vie. Il doit s’atteler à réprimer les pulsions qui ont leur racine dans le corps et l’empêchent de garder la Parole du Christ. Ses armes? la prière du cœur et les sacrements. Là seulement se trouve la réponse au cri de saint Paul:
«Je me complais dans la Loi de Dieu du point de vue de l’homme intérieur; mais j’aperçois une autre loi dans mes membres qui lutte contre la loi de ma raison et m’enchaîne à la loi du péché qui est dans mes membres. Malheureux homme que je suis! Qui me délivrera de ce corps qui me voue à la mort?» (Rm 7,22-24)
Il ne s’agit pas de haïr le corps et de le détruire, mais de demander à Jésus de l’engager dans un processus de métamorphose, afin qu’il passe de l’état de chenille rampante à celui de papillon apte à s’élever vers les cimes. Notre chair cessera de nous tyranniser pour devenir notre alliée quand elle sera spiritualisée par la Grâce. Tel est le parcours de tous les saints, au point que le corps de certains demeure incorruptible, en signe de sa conformité à la Volonté divine.
«Vous, vous n’êtes pas dans la chair mais dans l’esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas». (Rm 8,9)
Pour cette raison, les sages de toutes les civilisations ont recherché, puis cultivé les vertus propices à la maîtrise de la chair, de sorte que la primauté soit rendue à l’esprit: le réfrénement des appétits par l’ascèse est loin d’être le propre du catholicisme. Moines bouddhistes, chamanes et autres «chercheurs de l’Invisible» apprennent à dominer leurs sens avant de poursuivre la quête spirituelle.
«Ceux qui vivent selon la chair désirent ce qui est charnel; ceux qui vivent selon l’esprit, ce qui est spirituel.» (Rm 8,5)
Se dégager des instincts primitifs permet une concentration sur les valeurs supérieures et, de là, une progressive conversion vers le Monde d’En Haut et sa noblesse. La reconquête de la vraie liberté passe par cette désaliénation des impulsions charnelles.
«On est semé corps psychique, on ressuscite corps spirituel. S’il y a un corps psychique, il y a aussi un corps spirituel.» (1 Co 15,44)
«Il faut que cet être corruptible revête l’incorruptibilité, que cet être mortel revête l’immortalité. (…) alors s’accomplira la Parole qui est écrite: La mort a été engloutie dans la Victoire.» (1 Co 15,53-54)
Saint Paul nous enseigne comment nous délivrer de ce corps qui nous voue à la mort, non pas après cette vie, mais dès ici-bas, et nous engager maintenant corps et âme dans le processus de la Résurrection promise par le Christ. Peu à peu, «Il transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son Corps de Gloire» (Ph 3,21), en vue de notre entrée dans la Patrie céleste.
«Si vous vivez selon la chair, vous mourrez. Mais si par l’Esprit vous faites mourir les œuvres du corps, vous vivrez.» (Rm 8,13)
Spiritualiser son corps, le rendre toujours moins indigne de recevoir le Seigneur, voilà bien le programme de toute une vie! «Passer le temps qui reste à vivre dans la chair, non plus selon les passions humaines, mais selon le Vouloir divin.» (1 P 4,2). Jésus nous donne la preuve la plus évidente de l’importance de notre enveloppe charnelle dans l’Eucharistie, son Corps qu’il infuse en nous non par une voie spirituelle intangible, mais bien par le biais de la matière concrète: la sainte Hostie que nous consommons réellement, «charnellement». C’est ainsi qu’Il veut pénétrer en nous, passant par notre chair pour atteindre l’intégralité de notre nature matérielle et spirituelle.
Aspirons donc à devenir des temples saints pour exaucer son désir ardent, et nous goûterons à la joie incomparable de l’inhabitation:
«(…) votre corps est un temple du Saint Esprit (…)» (1 Co 6,19) «(…) le temple de Dieu est sacré et ce temple, c’est vous.» (1 Co 3,17)
«(…) vos corps sont des membres du Christ (…)» (1 Co 6,15) «[Le corps est] pour le Seigneur et le Seigneur pour le corps.» (1 Co 6,13)
Nous croyons nous appartenir, mais nous sommes soit à Satan, soit au Christ, selon l’orientation que nous choisissons librement:
«Ne savez-vous pas (…) que vous ne vous appartenez pas? Vous avez été bel et bien achetés2! Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit, qui appartiennent à Dieu.» (1 Co 6,19-20)
«Nul d’entre nous ne vit pour soi-même, comme nul ne meurt pour soi-même; (…) nous vivons pour le Seigneur (…)» (Rm 14,7-8)
Et plus nous nous dépouillerons des préoccupations de ce monde matérialiste, plus nous laisserons de place au Christ, jusqu’à lui permettre de rayonner à travers notre chair affinée par l’Esprit. Nous ne viserons jamais trop haut pour correspondre à son amour gratuit. C’est en tant qu’«homme total», le corps uni à l’esprit par un même élan, que nous pourrons l’accueillir!
«Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi.» (Gal 2,20)

Marie Vérenne

Notes:
1.    Voir aussi les extraits qui suivent: Jn 14,23 et 1 Co 3 et 6.
2.    «[Le Christ] est mort pour tous, afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour Celui qui est mort et ressuscité pour eux.» (2 Co 5,15)

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