Manger moins pour vivre plus longtemps?
Parvis Santé: Corps - Cœur - Esprit
A Okinawa au Japon, les centenaires ont aussi un principe qui réside dans un art de vivre: celui de quitter la table avant d’atteindre la complète satiété.
Un principe ancestral: manger moins pour vivre plus longtemps
Depuis des décennies, des nutritionnistes étudiaient le levier de la privation alimentaire pour vivre plus longtemps. En 1935, le nutritionniste américain Clive McCay est le premier à mettre en évidence un lien entre la restriction alimentaire et l’augmentation de la durée de vie. Certains rats parviennent à vivre 40 % plus longtemps quand ils sont privés de 30 % de leur ration quotidienne. En 1986, des chercheurs de l’Université de Californie révèlent un phénomène identique chez la souris. Avec 50 % de calories en moins, des souris vivent de 35 à 65 % plus longtemps que celles nourries à satiété.
On fait des expériences sur d’autres animaux moins nourris mais pas affamés et les résultats sont concluants. Ils ont une meilleure longévité et développent moins fréquemment des maladies liées au vieillissement.
L’action d’un facteur de croissance
Comment peut-on expliquer les bénéfices de ce régime ascétique? Les chercheurs ont constaté que la restriction calorique entraîne une diminution d’une substance dans le sang (l’IGF: Insulin-like Growth Factor -1). C’est un facteur de croissance qui favorise la division des cellules et limite leur destruction. S’il est indispensable en début de vie pour grandir et se développer, il peut également plus tard stimuler le développement de tissus cancéreux et accélérer le vieillissement.
L’impact de l’IGF-1 apparaît flagrant dans le cadre de pathologies entraînant une production excessive comme l’acromégalie qui est un trouble hormonal provoquant une taille anormale des pieds et des mains et une déformation du visage. Les patients qui en souffrent risquent de développer 2 à 3 fois plus que les autres un cancer du côlon.
L’expérience ne marche pas dans tous les cas
Des études avec des résultats contradictoires apparaissent. En 2009, lors d’un congrès en gérontologie, une équipe présente les résultats de son étude. Ils ont testé la restriction calorique sur 41 souris différant un peu par leur patrimoine génétique. Les résultats sont mitigés: une partie d’entre elles vit plus longtemps, mais la diète hypocalorique reste sans effet sur d’autres et diminue même l’espérance de vie chez certaines!
En 2012, une étude menée pendant plus de 20 ans sur des singes macaques, a révélé que cette méthode n’est pas parvenue à prolonger la vie des animaux restreints. Cependant le régime a réduit le risque de cancers, de maladies cardiovasculaires et retardé l’apparition de diabète par rapport au groupe de singes témoins.
Est-ce valable pour l’homme?
La question est de savoir si la restriction calorique pourrait prolonger notre durée de vie. Si on peut appliquer des expériences de contrainte à des animaux, c’est plus problématique pour l’homme.
On a néanmoins mené des études sur 218 hommes et femmes de 20 à 50 ans, de poids normal ou en léger embonpoint. Deux groupes ont été constitués: un s’alimentant normalement et le second cherchant à limiter les apports caloriques de 25 %.
Les revues Journal of Gerontology, Medical Sciences et Aging Cell ont relaté l’expérience en 2015 et 2016. Les participants ne sont pas parvenus à atteindre l’objectif de 25 % de restriction alimentaire qui n’a été au final que de 12 % environ. Cette baisse d’apports les a conduits à perdre 10 % de leur poids en moyenne. Il s’agissait bien sûr d’adultes déjà minces et sans surpoids. (Les bénéfices sur la longévité d’une perte de poids en cas de surpoids sont déjà démontrés.)
La première étude s’est penchée sur le métabolisme de base des participants et leur température corporelle. La restriction calorique est restée sans effet sur ces deux paramètres. Les sujets de l’étude ont vu leur taux de cholestérol total baisser et aussi leur pression artérielle. Ceci est positif pour la santé cardiovasculaire. La sensibilité à l’insuline s’est améliorée réduisant les risques de développer un diabète de type 2. Cependant les taux d’un marqueur d’inflammation: la protéine C réactive ont chuté. Les taux de T3, une hormone thyroïdienne, ont été réduits. Or une activité thyroïdienne plus faible s’associe avec une meilleure espérance de vie.
Cependant la réduction de la nourriture s’est aussi soldée par une fragilisation osseuse, observée dans les lombaires et le col du fémur. Qu’en est-il des taux d’IGF-1? La seconde étude montre qu’ils n’ont pas baissé à l’issue de ces deux années de privation. Toutefois, on a observé une légère augmentation d’un type de protéines qui se lient à ce facteur de croissance et diminuent sa biodisponibilité.
Cette absence d’impact sur les taux d’IGF-1 avait déjà été constatée chez des membres de la société de restriction calorique: un groupe d’Américains pratiquant volontairement cette méthode, convaincus de ses bienfaits. Le professeur Luigi Fontana qui avait conduit l’étude, n’a noté de réduction de ce taux d’IGF-1 que dans un groupe d’alimentation végétalienne ou végane. Ceux-ci excluent tout produit d’origine animale de leur alimentation et ont ainsi des apports réduits en protéines: seulement 10 % de leur ration quotidienne contre 24 % chez les adeptes de la restriction calorique. Pour confirmer l’existence de ce lien entre la diminution de protéines animales et la baisse des nivaux d’IGF-1, le professeur Fontana demanda à 6 adeptes de la restriction calorique de réduire leur consommation de protéines et en trois semaines, les niveaux d’IGF-1 avaient enfin diminué.
Pour vivre plus longtemps, faut-il réduire ses apports en protéines?
Ces travaux indiquent que le levier pour augmenter la longévité est la quantité de protéines absorbées. Mais toutes les protéines absorbées ne sont pas équivalentes. Les protéines sont constituées d’un enchaînement d’acides aminés variant de l’une à l’autre. Seule la méthionine, un acide aminé, semble responsable des effets néfastes sur la longévité. La méthionine se trouve en grande quantité dans les fibres musculaires de la viande, les filets de poisson, les œufs et les produits laitiers. Elle accentue la formation de radicaux libres au niveau des mitochondries, les usines à énergie de nos cellules. Ce qui contribue au développement de cancers et de vieillissement de l’organisme.
Des rats nourris avec un régime pauvre en méthionine ont vu leur durée de vie augmenter. Mais si on administre à ces rats de la glycine, un autre acide aminé, qui stimule l’élimination de la méthionine au niveau du foie, on arrive au même résultat: une augmentation de la durée de la vie.
En conclusion, il ne s’agit pas d’affamer les gens, ni de les priver de protéines animales pour vivre plus longtemps, mais il suffit seulement d’enrichir leur alimentation en glycine. Cette glycine se trouve dans les cartilages, la peau, les os et les tissus. Manger un filet de poulet avec un bon bouillon d’os ou du poisson entier mijoté contribue à vivre plus longtemps. On peut recourir aussi à des compléments alimentaires riches en glycine ou en collagène. La dose recommandée est autour de 5 g de glycine ou de 12 g de collagène par jour pour un adulte de taille ou de corpulence moyenne.
La glycine se trouve dans l’œuf, le soja, les fèves, le poisson, la viande, le lait et fromage de chèvre et de brebis et le beurre.
La glycine a des propriétés cicatrisantes, anti-oxydantes et immunitaires. Elle participe à la détoxication du foie et à la gestion du sucre par l’organisme. Elle a un effet calmant sur les neurones, elle agit sur la contraction musculaire lors de sa transformation en créatinine et améliore le rendement énergétique et la récupération musculaire.
C’est un support important pour retarder la dégénérescence du muscle. Et elle stimule l’hormone de croissance. Elle œuvre à la cicatrisation des plaies et lutte contre le vieillissement cellulaire. Elle aide enfin à la tolérance au glucose pour répondre aux besoins énergétiques en améliorant le stockage de glycogène.
Une carence soutenue en glycine peut conduire à une hypoglycémie, une sclérose en plaques, un dysfonctionnement hypophysaire ou une dystrophie musculaire (détérioration du muscle)
Pour ne pas vieillir trop vite, il ne suffit pas de bien manger équilibré, et d’avoir un apport conséquent et constant en glycine, il faut encore avoir une vie équilibrée physiquement, affectivement et spirituellement car le corps et l’âme forment un tout et les deux s’influencent mutuellement et se dérèglent suivant les excès ou les manques de l’un ou de l’autre. La vie de tout être est une quête de la sagesse pour un amour responsable. Encore faut-il savoir éduquer l’un et l’autre dans une liberté bien exercée. Ainsi la santé deviendra plus certaine et la vie plus longue parce que tout sera vécu dans l’équilibre et l’harmonie de l’homme en marche vers son Dieu.
Père François Zannini, naturopathe