Religion et politique Des principes aux réalités
Père Marie-Antoine de Lavaur, capucin (1825-1907), «Le Saint de Toulouse»
Il s’est agi de combattre les lois de haine anticléricale de la France qui viole toutes ses traditions, même sur le plan des idées.
Un devoir de réserve s’imposait au missionnaire de tous. «Religion et Politique», dont le titre de la première édition était Manuel du bon Français ou les vrais principes religieux et politiques, est publié anonymement en 1871 après la défaite désastreuse de la guerre de 1870 qui a rendu le pays exsangue et en proie à la guerre civile. Par la suite, l’encouragement, par la lettre encyclique Inter Innumeras Sollicitudines de Léon XIII du 16 février 1892, au ralliement à la République et à l’unité des catholiques pour défendre leurs idées, lui donnera le droit de parler.
Il est des principes sur lesquels on ne doit pas transiger, nous dit-il. «Ce sont les lois, les principes, les traditions qui font vivre une nation, et c’est le sol de la patrie qui garde nos autels, notre berceau, notre foyer, notre tombeau et le trésor de nos gloires, de nos grandeurs passées, de nos espérances futures. Donc, après Dieu et la religion, c’est le sol, ce sont les lois fondamentales de la patrie que nous devons le plus aimer sur la terre, et c’est pour elles, s’il le faut, que nous devons mourir. La religion nous en fait un devoir sacré.»
Mais, écrit-il plus loin, «les lois, n’ont plus de sanction. Les promesses, les engagements, les serments ne sont rien. La force seule aurait le dernier mot. Or, jamais les nations n’ont été civilisées, sinon par la religion. Aucun autre moyen connu n’a de prise sur l’homme à l’état de nature. L’homme en rapport avec Dieu est sublime, et son action devient alors créatrice. Mais, s’il se sépare de Dieu, s’il agit seul, il ne cesse pas d’être puissant, car c’est un privilège de sa nature. Mais il n’est puissant que pour détruire.»
Le Père Marie-Antoine distingue trois chapitres: Etre bon français en étant fidèle à Dieu, être bon Français envers la patrie, être bon Français envers la famille. Avec, comme conclusion de fond, un dernier chapitre tout d’espérance en l’avenir par la foi en un Dieu vainqueur, nécessairement vainqueur. Le remède n’est jamais loin du mal, si l’on regarde bien.
Les lois fondamentales propres à la France, immuables de Clovis à Louis XVI, pouvaient être reconnues par beaucoup comme les meilleures en 1871 quand ces pages sont écrites. La France est vaincue, humiliée, elle connaît la guerre civile après avoir été tiraillée durant quatre-vingt ans entre deux républiques, deux empereurs et deux rois, au prix de trois révolutions. D’ailleurs, s’annonce alors comme probable une restauration légitimiste de la royauté. Mais, en fait, un nouveau monde se dessine déjà, où ces fondamentaux-là, l’immuable, s’amenuisent, pour laisser place à des courants, des rapports de force par lesquels chacun veut imposer ses propres valeurs en perpétuelle évolution, dans une République qui se forge dans la douleur.
Aussi, le Père Marie-Antoine nous ramène aux seules valeurs immuables où s’abriter, celles de l’Evangile, à la fois force de libération du mal, force d’appui face à l’instabilité, force d’amour contre la haine et la violence, force d’espérance. Avec, en conclusion, l’invitation à s’unir, au final quel que soit le régime, «le mal se trouvant dans nos divisions intestines, qui ne réjouissent que nos ennemis. Et s’unir sur le terrain de principes sûrs, si on veut tirer quelque profit de l’expérience des événements, pour la même raison qu’il faut connaître sa route pour se remettre en chemin».
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