Sanctuarium in Ecclesia
Pape François
Se faire pèlerin est une authentique profession de foi
En vu d’un meilleur accueil spirituel des pèlerins, le pape François transfert la responsabilité des sanctuaires de l’Eglise au Conseil pontifical pour la Promotion de la Nouvelle Evangélisation, compétences jusqu’à présent attribué à la Congrégation pour le clergé.
Le sanctuaire possède dans l’Eglise une «grande valeur symbolique» et se faire pèlerin est une authentique profession de foi. A travers la contemplation de l’image sacrée, on atteste en fait l’espérance de sentir une plus forte proximité de Dieu qui ouvre le cœur à la confiance d’être écouté et exaucé dans les désirs les plus profonds.
La piété populaire, qui est une «authentique expression de l’action missionnaire spontanée du peuple de Dieu» trouve dans le sanctuaire un lieu privilégié où pouvoir exprimer la belle tradition de prière, de dévotion et de confiance à la miséricorde de Dieu inculturée dans la vie de chaque peuple.
Depuis les premiers siècles, en effet, on pense d’abord au pèlerinage vers les lieux où Jésus-Christ a vécu, annoncé le Mystère de l’amour du Père et surtout où se trouve un signe tangible de sa résurrection: le tombeau vide. Les pèlerins se mirent en chemin successivement vers les lieux où selon les diverses traditions, se trouvaient les tombeaux des apôtres. Finalement, au cours des siècles, le pèlerinage s’étendit aussi en ces lieux, devenu maintenant la majorité, où la piété populaire a touché de la main la mystérieuse présence de la Mère de Dieu, des saints, des bienheureux.
Les sanctuaires restent jusqu’à nos jours, en chaque partie du monde, comme la marque caractéristique de la foi simple et humble des croyants qui trouvent dans ces endroits sacrés la dimension fondamentale de leur existence croyante.
Ils expérimentent là de manière profonde la proximité de Dieu, la tendresse de la Vierge Marie et la compagnie des saints: une expérience de vraie spiritualité qui ne peut pas être sous-évaluée, sous peine de mortifier l’action de l’Esprit Saint et la vie de grâce. Beaucoup de sanctuaires ont été à tel point perçu comme partie de la vie des personnes, des familles et des communautés que cela a modelé l’identité de générations entières, jusqu’à influencer l’histoire de quelques nations.
Le grand afflux de pèlerins, la prière humble et simple du peuple de Dieu alternée avec les célébrations liturgiques, l’accomplissement de tant de grâces que beaucoup de croyants attestent avoir reçu et la beauté naturelle de ces lieux permettent de vérifier comment les sanctuaires, dans la variété de leurs formes, expriment une opportunité irremplaçable pour l’évangélisation dans notre temps.
Ces endroits, malgré la crise de foi qui renverse le monde contemporain, sont encore perçus comme des espaces sacrés vers lesquels aller pérégriner pour trouver un temps d’arrêt, de silence et de contemplation dans la vie souvent frénétique de nos jours. Un désir caché fait se lever chez beaucoup la nostalgie de Dieu; et les sanctuaires peuvent être un vrai refuge pour se redécouvrir et retrouver la force nécessaire pour sa propre conversion. Dans le sanctuaire, finalement, les fidèles peuvent recevoir un soutien pour leur chemin ordinaire dans la paroisse et dans la communauté chrétienne. Cette osmose entre le pèlerinage au sanctuaire et la vie de tous les jours est une aide valide pour la pastorale, parce qu’il lui permet de raviver l’engagement d’évangélisation par un témoignage plus convaincu. En conséquence, marcher vers le Sanctuaire et participer à la spiritualité que ces lieux expriment est déjà un acte d’évangélisation, qui mérite d’être valorisé pour son intense valeur pastorale.
Par sa nature propre, le Sanctuaire est donc un endroit sacré, où la proclamation de la Parole de Dieu, la célébration des Sacrements, en particulier de la Réconciliation et de l’Eucharistie et le témoignage de la charité, expriment le grand engagement de l’Eglise pour l’évangélisation. C’est pourquoi il se caractérise comme endroit naturel d’évangélisation, où, de la première annonce jusqu’à la célébration des mystères sacrés, se manifeste la puissante action par laquelle il opère la miséricorde de Dieu dans la vie des gens.
A travers la propre spiritualité de chaque sanctuaire, les pèlerins sont conduits par la «pédagogie d’évangélisation» à un engagement de plus en plus responsable, soit dans leur formation chrétienne, soit dans le témoignage nécessaire de charité qui en jaillit. En outre, le sanctuaire, ne contribue pas peu à l’engagement catéchétique de la communauté chrétienne; en transmettant en effet de manière cohérente aux temps le message qui a commencé à sa fondation, il enrichit la vie des croyants, en leur offrant les raisons d’un engagement dans la foi, (cf. 1 Th 1,3) plus mûr et conscient. Dans le sanctuaire, finalement s’ouvrent les portes aux malades, aux personnes handicapées et surtout aux pauvres, aux marginaux, aux réfugiés et aux migrants.
A la lumière de ces considérations il résulte clairement que les sanctuaires sont appelés à jouer un rôle dans la nouvelle évangélisation de la société d’aujourd’hui et que l’Eglise est appelée à valoriser pastoralement les motions du cœur qui s’expriment à travers les pérégrinations aux sanctuaires et aux endroits de dévotion.
Donc, voulant favoriser le développement de la pastorale qui est développée dans les sanctuaires de l’Eglise, j’ai décidé de transférer au Conseil pontifical pour la Promotion de la Nouvelle Evangélisation les compétences qui, en vertu de l’art. 97, 1° de la constitution apostolique Pastor Bonus était jusqu’à présent attribué à la Congrégation pour le Clergé ainsi que celles prévues dans l’art. 151 de la même Constitution qui concerne les voyages pour motifs de pitié, sans préjuger, cependant, des devoirs des légitimes Autorités ecclésiastiques et de ceux-là qui, en vertu de lois spéciales, appartiennent aux autres organismes vis-à-vis de sanctuaires déterminés.
Par conséquent j’établis qu’à l’avenir la tache du Conseil pontifical pour la Promotion de la Nouvelle Evangélisation sera:
a) L’érection de sanctuaires internationaux et l’approbation des statuts respectifs, selon la règle des can. 1232-1233 CIC;
b) l’étude et la réalisation de mesures qui favorisent le rôle évangélisateur des sanctuaires et la culture de la religiosité populaire;
c) la promotion d’une pastorale organique des sanctuaires comme centres propulseurs de la nouvelle évangélisation;
d) la promotion de rencontres nationales et internationales pour favoriser une œuvre commune de renouvellement de la pastorale de la pitié populaire et du pèlerinage vers les endroits de dévotion;
e) la promotion de la formation spécifique des opérateurs des sanctuaires et des endroits de pitié et dévotion;
f) la vigilance pour que soit offert aux pèlerins, dans les endroits de parcours, une assistance spirituelle et ecclésiale cohérente et soutenue qui permette le plus grand fruit personnel de ces expériences;
g) la valorisation culturelle et artistique des sanctuaires selon la via pulchritudinis, modalité caractéristique de l’évangélisation de l’Eglise.
Tout ce que j’ai délibéré par cette lettre apostolique en forme de Motu, j’ordonne que ce soit observé en toutes ses parties, malgré les choses contraires même si elles sont dignes de mentions spéciales, et j’établis qu’elle soit promulguée par la publication sur le quotidien L’Osservatore Romano, en entrant en vigueur quinze jours après la promulgation et ensuite insérée dans les Acta Apostolicae Sedis.
Donné en la Cité du Vatican, le 11 février 2017, Mémoire liturgique de Notre-Dame de Lourdes, an IV de mon pontificat.