Un amour extraordinaire de Dieu et du prochain, par delà une profonde nuit intérieure
Mère Teresa bientôt sur les autels
10 septembre 1946, «jour de l’inspiration»
Alors que Mère Teresa était dans un train, en Inde, elle a reçu un «appel» lui demandant de vivre et de travailler avec les pauvres. Mère Teresa avait décrit cet appel comme «un ordre, un devoir d’une absolue certitude» qu’il lui fallait laisser ses sœurs de Loreto, puis s’en aller dans les bidonvilles de Calcutta et se donner complètement aux pauvres. Sa correspondance révèle que cet appel de Jésus était une «locution intérieure». Elle a distinctement entendu une voix dans sa tête qui lui a dit ce qu’elle devait faire. Et cela a duré quelques mois. L’appel était si direct, qu’elle savait que ce qu’elle faisait était la bonne chose, en dépit de la nuit intérieure qu’elle vivait depuis plusieurs années Nous connaissons l’effort que Mère Teresa dut fournir pour ouvrir ses maisons pour les mourants, les malades et les sans abri. Mais qu’en était-il de sa vie intérieure?
Ce sont ses lettres à ses directeurs spirituels qui révèlent l’héroïcité de ses vertus dans la réalisation de ses fondations. La Mère y expose sa «nuit intérieure», signe de la plus haute purification de l’esprit, «nuit» qui allait jusqu’au sentiment de n’être pas aimée de Dieu, y compris la tentation de douter de l’existence de Dieu, car elle avait l’impression, des années durant, que Dieu l’avait abandonnée. Et pourtant, quelle œuvre de miséricorde n’a-t-elle pas réalisée!
En 1959-60, elle écrit à son directeur spirituel: «Je ressens dans mon âme la terrible douleur d’une perte, j’ai le sentiment que Dieu ne veut pas de moi, que Dieu n’est pas Dieu, que Dieu n’existe pas réellement». Ou encore qu’elle veut aimer Dieu, «comme il n’a jamais été aimé» avec l’impression que son amour n’était pas réciproque. Dans son contexte, ces pensées ne sont pas des hérésies mais des signes de sainteté. Mère Teresa était convaincue que Dieu existe et avait un plan pour sa vie, même si elle ne sentait pas sa présence. Malgré tout, elle a continué de sourire, de travailler et d’exprimer de la joie. En 1961, dans une lettre aux Missionnaires de la charité, elle écrivait: «Sans souffrance, notre travail ne serait qu’un service social… Toute la détresse, la désolation des pauvres doit être rachetée et nous devons y participer.»
Béatification et canonisation sont des reconnaissances de la sainteté d’une personne au travers de toute sa vie. Ne soyons pas surpris, choqués, par les luttes spirituelles de Mère Teresa, elles font partie des étapes vers la sainteté. Le sentiment que Dieu est très loin ou même qu’Il n’existe pas, est une expérience spirituelle commune. Si la plupart des choses que la bienheureuse Mère a accomplies sont ordinaires, c’est avec un amour de Dieu et du prochain, vécu dans un oubli de soi héroïque qui était vraiment extraordinaire.
Note:
1. Ainsi que trois autres bienheureux: José Sánchez del Río, Stanislaw de Jésus-Marie (Jan Papczynski), José Gabriel del Rosario Brochero et la bienheureuse Elisabeth Hesselblad.