800e anniversaire de la naissance de saint Louis
L’année présente commémore le huit centième anniversaire de la naissance du saint roi Louis IX. En effet, le deuxième fils connu (et des 9 enfants) de son père, le roi Louis VIII et de sa mère, Blanche de Castille – mariés en 1200 – est Louis, né dans la seigneurie de Poissy, l’une des résidences capétiennes1, le 25 avril 1214, quelques semaines après la célèbre victoire de son grand-père Philippe II Auguste à Bouvines contre les prétentions anglaises.
Cette naissance – et le baptême qui la suit – par le saint règne qu’ils annoncent, constituent une date majeure dans l’histoire de la royauté française en général et de la royauté de droit divin en particulier, l’un des fondements de la vocation chrétienne et du rayonnement culturel de la France.
Le nom de règne du futur roi – Louis – prend son origine dans celui de Clovis, le premier souverain français, indiquant une plus grande continuité et unité de la royauté entre les trois dynasties fondamentales: Mérovingiens, Carolingiens, Capétiens (481-1830). Il l’emportera sur celui de Philippe2 à cause de sa sainteté, et sera porté au total par 18 rois.
La date est donnée comme vraie et symbolique du règne par son ami et biographe, le sire de Joinville, écrivant: «le 25 avril après Pâques était la fête de saint Marc, commémorée par des processions de croix, noires en France, allusion aux deux croisades douloureuses du roi». Le christianisme pensait surtout que le nom de baptême devait avoir une analogie avec le saint à imiter et par qui être protégé.
Le lieu se confond en quelque sorte avec le baptême. En effet, on considérait alors qu’il était normal qu’un grand personnage porte le nom de la localité où il était né, et cela durera au moins jusqu’à la Révolution. Ainsi, le souverain aimera s’appeler «Louis de Poissy». Mais cela va plus loin pour lui, à cause de la signification très forte qu’il attribuait à son baptême. L’enfant, qui n’est encore qu’un prince, car il ne devient héritier royal qu’en 1218 à la mort de son frère aîné Philippe, est baptisé le jour de sa naissance, pour une raison simple et universelle: la forte mortalité en bas-âge. Faute de registres paroissiaux (pas avant le XIVe s.) et d’administration, on n’en sait pas davantage. Porté sur les fonts baptismaux par sa mère Marguerite de Provence, le prince est ainsi mis à l’abri de Satan et des forces de la tentation. C’est pourquoi aussi le sacrement doit être administré le plus tôt possible.
Toute sa vie, Louis IX reliera son nom à Poissy plus par le sacrement baptismal que par le lieu de sa naissance, faisant valoir qu’il était dans la continuité davidique (David, premier vrai modèle du roi d’Israël oint), puis mérovingienne et royale par le baptême fondateur de son ancêtre Clovis (496). La Sainte Ampoule, contenant l’huile de baptême de Clovis et du sacre de Pépin le Bref (754), devient, par Louis IX, l’élément essentiel du sacre. Pour lui, le lignage royal est né du baptême de Clovis, sacrement initiatique considéré par lui comme indispensable avec celui de la confession. Le baptême fait ainsi de l’héritier royal un «nouveau David», comme une seconde naissance, mieux, dit J. le Goff, «un nouveau baptême». De sorte que les baptistères de Reims et de Poissy se rejoignent.
La naissance de Louis IX, entourée de surcroît d’un lignage dynastique fort, augure d’un règne exemplaire qu’auréolera la sainteté, et confèrera à son baptême une aura prophétique: Louis le Pieux et Charlemagne n’avaient pu être canonisés, mais leur digne héritier le sera. Diverses cérémonies marqueront cet anniversaire historique et religieux de la France3.
Bernard Balayn
Notes:
1. Environ à 30 km à l’ouest de Paris.
2. Donné à son frère aîné en souvenir de Philippe Auguste.
3. Comme la Messe solennelle qui sera célébrée en l’église saint Louis d’Antin à Paris, ce 25 avril 2014 à 16h 30, 63 rue Caumartin; avec Indulgence plénière accordée par le Pape.