Rencontre avec Sulema
A l’occasion de la publication du premier livre de Sulema: «Je viens vous préparer à cet événement: l’illumination des consciences», présenté dans Stella Maris 498, Sulema a bien voulu nous accorder un entretien.
Sulema, voudriez-vous nous parler de vos origines? Vous êtes née au Canada?
Je suis née au Salvador en septembre 1954. Dans notre famille, mon père nous a laissés quand j’étais très jeune. J’ai un frère plus âgé que moi. A l’annonce d’une nouvelle naissance, mon père a dit à maman: «C’est l’enfant ou c’est moi!» Et ma mère a dit: «C’est l’enfant!» J’ai su ensuite que, quand elle me portait dans son sein, elle m’a consacré au Sacré-Cœur de Jésus. Ma mère avait une grande foi, elle a su m’éduquer et entretenir ma foi; elle-même avait une grande foi. Cela veut dire que mon enfance s’est déroulée entre la joie, la prière et la souffrance.
Vous avez donc reçu une formation religieuse, avec le catéchisme, la confirmation…
Oui, j’ai été dans un collège très sévère, tenu par des religieuses.
De quel ordre religieux étaient les sœurs?
C’était la congrégation mexicaine Notre–Dame de Guadalupe.
Alors vous connaissiez les apparitions de la Vierge Marie?
Oui, le collège s’appelait collège Notre-Dame de Guadalupe.
A cette époque votre foi était déjà bien enracinée en vous ou bien étiez-vous un peu comme tous les enfants?
Je pense que ma foi était bien enracinée, parce que, quand j’ai eu six ou sept ans, j’ai eu la première manifestation de Maman Marie. Pour la première fois, je l’ai vue, elle m’a regardée et elle m’a souri, sans me parler.
Ce qui évidemment a beaucoup soutenu votre foi?
Oui et quand je l’ai partagé avec ma mère, elle a cru que Maman Marie m’a souri, mais quand elle en a parlé au prêtre, il lui a dit: «Oh, non. Madame, vous savez, ça, c’est l’imagination des enfants.»
Bien sûr, c’est la réponse courante pour cet âge.
Mais la réponse du prêtre m’a blessée du fait qu’il ne m’a pas crue. Il a poursuivit: «Quand la petite vous parle de cela, changez de sujet. Il ne faut pas qu’elle continue à parler de ça.»
Inversement le sourire de Maman Marie m’a beaucoup marquée.
Quand la Vierge vous a souri, vous souvenez-vous comment elle vous est apparue?
Plus tard, j’ai vu qu’elle était comme Notre-Dame des douleurs, tout en noir. Elle avait comme des petits poignards dans son cœur: c’était durant la semaine sainte. C’était un samedi, le samedi qu’on appelle des Douleurs. Au début, elle manifestait une grande tristesse et tout à coup, elle me souriait. C’est cela qui m’a touchée si fort, je venais de la voir toute triste, puis elle m’a souri.
Donc vous vous souvenez de toutes ses expressions
Ca m’a tellement marquée que c’est gravé dans mon cœur.
Où était-ce?
On était à l’église, la messe était terminée. Après la messe, maman nous faisait prier le chapelet avec mon frère. Et juste avant de commencer le chapelet, j’ai vu Maman Marie.
Et vous étiez surprise, comment avez-vous réagi à cette vue?
Je me souviens que j’étais dans une grande joie. J’ai pensé que c’était quelque chose de normal. Mais quand j’ai entendu le prêtre dire que ce n’était pas bon, je me suis sentie mal. J’en suis restée marquée. Quelques années plus tard, quand j’ai commencé à entendre des voix, j’ai pensé que c’était mal.
Si je comprends bien, vous l’avez dit tout de suite à votre maman et elle l’a dit de suite au prêtre?
Oui, maman m’a crue, et elle a été en parler au prêtre, du fait que le prêtre est passé à côté de nous quand on a eu fini le chapelet et maman lui a dit que j’avais vu Marie.
Jusqu’à quand avez-vous continué vos études et votre formation chez les sœurs?
J’ai fait toute l’école primaire et une partie de mon école secondaire chez les sœurs.
A ce moment-là qu’envisagiez-vous pour votre avenir, avoir une profession, devenir religieuse? Quel était le désir de votre cœur?
Quand j’étais petite, j’aurais voulu devenir religieuse, mais on ne m’a pas laissée. Alors j’ai continué les études et quand est venu le temps de choisir, j’ai choisi de devenir comptable.
Et vous êtes devenue comptable. Avez-vous exercé votre métier?
J’ai pu travailler, mais pas longtemps. A la fin de 1973, j’ai rencontré mon époux et en décembre 1975, on s’est marié.
Avez-vous fait une préparation au mariage avec la paroisse?
Oui.
Avez-vous participé à quelque groupe de prière ou mouvement d’action catholique ou bien priiez-vous seulement en famille?
Quelquefois j’allais faire des retraites, mais la prière était plutôt au niveau familial. Cinq ans après notre mariage, on a dû quitter notre pays pour venir ici au Canada.
En quelle année êtes-vous arrivée au Canada?
Nous sommes sortis du Salvador en juin 1981, les mêmes mois et année que le commencement des apparitions à Medjugorje. Nous sommes arrivés ici au Canada en juillet 1981.
Etiez-vous au courant de ces apparitions?
Non, on a quitté le 17 juin et les apparitions de Medjugorje ont commencé les 24-25 juin. Moi, je n’étais pas au courant, je l’ai appris étant au Canada.
Le motif de votre départ, était-ce pour raison économique ou…
C’était la guerre et mon mari a été séquestré.
Ah, c’est une raison politique qui vous a fait partir.
Oui, quand il a été libéré, on a quitté le pays le plus vite possible.
Votre mari était-il engagé politiquement?
Non, il était avocat et notaire et il travaillait à son compte.
Vous souvenez-vous sous quel régime c’était?
Un régime militaire.
Et qui était le président?
C’était, je pense, la Junte militaire. A ce moment-là, il y avait la guérilla et un régime militaire. C’est pourquoi nous avons quitté notre pays.
Quand vous êtes partis, c’était clair pour vous que vous alliez de suite au Canada?
Quand on est parti, on a transité par le Mexique et, le moment venu, on a choisi de venir à Sherbrooke au Québec. On est arrivé en juillet 1981 au Canada, il a fallu quelques temps pour avoir nos papiers d’entrée.
Vous connaissez Léandre Lachance? Il est souvent venu en France.
Oui.
Venons-en maintenant à ce qui est notre objet; votre vie spirituelle. Entre le moment de la première apparition de la Vierge à 6 ou 7 ans et votre arrivée au Canada, avez-vous eu des locutions?
Quelques années plus tard, j’ai commencé à recevoir des petites phrases, des paroles, mais les locutions comme telles, les dialogues, les conversations débutèrent fin 1992.
Les premières petites phrases, quand les avez-vous reçues? Quand vous étiez au Salvador, encore adolescente?
Les premières paroles, je les ai reçues vers 19 ans.
Avant que vous rencontriez votre époux?
Oui, un peu avant notre rencontre puisque je me suis mariée à 21 ans et que nous nous sommes connus deux ans auparavant. J’ai commencé à recevoir des paroles, mais je croyais que ce n’était pas bon suite à ce que le prêtre avait dit à maman. Cela a produit comme un blocage en moi. J’écoutais, mais je croyais que c’était mon imagination.
Vous en avez parlé à votre maman?
A ce moment, non. Je le gardais pour moi.
Est-ce que vous les avez notées?
Quelques fois seulement.
Et je suppose que vous avez mis votre mari dans la confidence?
Non, mon époux est resté quarante ans loin de la foi.
Vous ne lui avez rien dit?
Non! Il a eu sa conversion à Medjugorje.
Il ne venait pas d’une famille chrétienne?
Si, il venait d’un milieu intellectuel. J’ai prié pour lui pendant 26 ans pour obtenir sa conversion. Et maintenant, il est confirmé!
Epouser un homme qui ne partageait pas votre foi, cela ne vous a pas posé de questions? La foi est quand même au cœur de votre vie.
Oui, pour moi, la foi est très importante, mais je pensais toujours, «le Seigneur, il sait pourquoi.»
Vous étiez suffisamment amoureuse pour supporter la différence?
Comment dire? La foi a été plus grande et je disais toujours: le Seigneur sait pourquoi. Car il m’a bien appris à respecter la volonté et la liberté de celui ou de celle qui est devant moi. Alors je le laisse continuer sa route; ce n’est pas facile, mais qui sommes-nous pour essayer de changer l’autre? Je devais continuer à prier, à croire et à espérer. Cela m’a été confirmé quelques années après; c’était en vue de sa conversion.
C’est un chemin du Seigneur.
C’est vraiment tout un chemin, parce que 26 ans c’est long.
Vous avez eu beaucoup de persévérance! Peut-on dire que les paroles que vous avez reçues, c’était pour vous guider dans votre avancée spirituelle?
Oui, c’était pour me diriger, pour me guider et aussi pour me former.
Cela arrive souvent que le Seigneur forme son messager un certain temps, avant de lui donner une mission prophétique. Peut-on dire que, depuis l’âge de dix neuf ans jusqu’en 1992, toutes ces paroles constituaient une formation?
Je pense que oui. Les vraies locutions ont commencé en 1992. A la fin de 1992, c’est devenu clair et fort.
Et comment avez-vous réagit au changement de rythme?
J’étais très surprise. Je l’ai partagé avec mon époux et il ne m’a pas crue. Il a dit que j’étais malade, que j’étais folle.
Et votre maman?
Elle n’était plus là.
Et n’avez-vous pas parlé aux prêtres, ce n’étaient plus les mêmes?
Non en 1992, non. J’ai eu des prêtres à partir de 1995. J’ai parlé à un prêtre, je lui ai fait des confidences, mais il est resté comme neutre.
Il s’est contenté de vous écouter.
C’est le 7 février 1998 que j’ai rencontré Sœur Claire Gagné. Je participais à une journée charismatique de ressourcement qui avait lieu au Buisson-Ardant à Lennoxville, Qc.
A-t-elle accueilli votre charisme?
Sœur Claire Gagné a annoncé qu’il y avait dans l’assemblée quelqu’un qui allait vivre une effusion, puis elle s’est reprise en disant: «non, ce n’est pas une effusion, ça va être une onction de l’Esprit Saint.(1)» Tout à coup j’ai commencé à louer le Seigneur, à haute voix, sans savoir que c’était moi qui recevais cette onction.
Mais vous avez loué le Seigneur à haute voix dans l’assemblée?
Pour moi, c’était dans mon cœur. Et à partir de ce moment-là, ma vie a changé totalement. Une religieuse m’a accompagnée spirituellement. Puis elle m’a dit: «Sulema, tu dois être suivie par un prêtre, parce que ce que tu vis, c’est grand.» Alors elle m’a suggéré de rencontrer le Père Guy Giroux. Comme c’était le début de l’été, il était parti en vacances! Elle m’a suggéré un autre prêtre, on est allé voir l’abbé Claude Bureau, mais il était aussi en vacances! Alors un jour je suis allée au sanctuaire de Beauvoir et devant le Sacré-Cœur j’ai commencé à prier.
Quand vous parlez du Sacré-Cœur, c’était une peinture ou une statue.
C’est une grande statue du Sacré-Cœur, au-dessus de l’autel où on célèbre la messe. Je l’ai fixé, je l’ai prié, je lui parlais, quand tout à coup ça a changé et le Père Doré est apparu. Je l’ai vu comme une personne, il bougeait, il s’approchait, il m’a souri.
C’était comme à la TV, comme un tableau?
Non, ce n’était pas un tableau, ce n’était pas un film, c’était face-à-face, comme s’il était là. C’était comme une vision réelle. Je le priais: «Seigneur, aide-moi à trouver un prêtre qui puisse me diriger.» Et tout à coup le Sacré-Cœur a disparu et un homme est apparu avec un gilet bleu, un pantalon gris et avec une barbe! Quand je l’ai vu, j’ai dit: «Seigneur, c’est un mauvais esprit, fais que je ne le voie plus!», parce que sa barbe était différente de celle d’autres hommes. Mais il était toujours là. Et quand je l’ai vu se rapprocher, j’ai constaté que son regard était doux, j’ai senti la paix. Alors j’ai dit: «Jésus, est-ce que c’est ton grand-père?» mais je n’ai pas eu de réponse. J’ai pensé que ce devait être un saint, parce que j’avais la paix. Après quelques minutes, il a disparu et le Sacré-Cœur est revenu. J’ai dit: «Seigneur qui est-ce, celui que je viens de voir?» Je n’ai pas eu de réponse. Mais trois mois plus tard, je suis allée à Saint-Etienne de Bolton au Québec. Là, j’ai été accueillie par trois dames. Tout à coup, je vois sortir d’une pièce un homme avec un gilet bleu, un pantalon gris et avec une barbe. J’étais folle de joie. Je lui ai dit: «Je vous connais!» Il m’a dit: «Non! Je ne vous connais pas.» «Mais si, lui-dis-je, je vous ai rencontré au sanctuaire de Beauvoir.» Il m’a répondu: «Non, cela fait des années que je ne vais pas à Beauvoir.» Mais quand je lui ai dit: «Mon Père, j’ai prié le Sacré-Cœur et, tout à coup, c’est vous qui êtes apparu!» Là, il était tout surpris. Je lui ai annoncé: «ça fait 3 mois que je vous connais.» Alors il m’a dit: «Je ne serai pas ton guide.» Je lui ai dit: «Je peux comprendre, moi, j’ai vécu toute ma vie le rejet.» Il a poursuivi: «Je ne serai pas ton directeur spirituel!» J’ai repris: «Oui, j’ai bien compris.» Et j’ai interrogé le Seigneur: «Pourquoi me le dit-il une deuxième fois?» J’ai pensé qu’il ne le voulait pas ou qu’il n’avait pas le temps. Et tout à coup il me dit: «Je serais ton papa spirituel.» Tout a changé! C’était le Père Marcel Doré. C’est lui qui m’a accompagné plusieurs années, il m’a donné une formation extraordinaire.
De quelle congrégation est-il?
Il est prêtre des Missions Etrangères. Il a été missionnaire dans divers pays, notamment au Japon. Il avait beaucoup voyagé les dernières années, avant que le Seigneur ne me le fasse connaître.
Vous avez reçu une très belle grâce, parce que vous savez, parmi ceux qui reçoivent des charismes, beaucoup ne trouvent pas de prêtre accompagnateur. Le Seigneur, après vous avoir fait attendre longtemps, vous a bien servi!
Oui, il m’a fait attendre, mais je suis demeurée dans l’action de grâce, parce que trois mois auparavant, il m’a fait voir celui qui devait me diriger. Cela a été extraordinaire, une grande grâce. C’est ainsi que j’ai eu mon premier directeur spirituel, un canadien. «Non, disait-il, je ne suis pas ton directeur spirituel, mais ton papa spirituel.»
Alors vous voyez comme c’est spécial, la manière dont le Seigneur m’a guidée et formée. C’est extraordinaire!
Vous avez des locutions. Le Père vous a accompagnée et il vous a aidée à comprendre ce qui vous arrivait pour comprendre ces messages?
Oui, il m’a confirmé que les locutions étaient de Dieu, il m’a beaucoup aidée, mais il est décédé le 18 février 2001. Après c’est Lise Guindon qui a continué à me guider jusqu’à ce que je rencontre le Père José Rubén Riveros qui m’accompagne en ce moment. Il a fait la préface du livre. Le Père Guy Giroux est aussi devenu un conseiller spirituel. Donc j’ai deux prêtres pour m’assister. Lise était avec le Père Marcel Doré depuis des années pour l’aider dans son ministère.
Vous êtes désormais très bien encadrée, c’est un grand soutien, une grande consolation.
Au moment où le Père Marcel vous a accompagnée, les locutions se sont développées?
Oui, de plus en plus.
Et il vous a demandé de les écrire ou vous l’avez fait de vous-même?
Oui, je les écrivais et je les partageais toutes avec lui. Il me faisait un suivi, je le rencontrais deux fois par mois. A un moment donné, je participais à un groupe de prière, quand il m’a dit: «Le Seigneur te demande de vivre la vie cachée de Nazareth. Alors je me suis retirée, j’ai vécu la vie cachée avec Jésus.»
Je comprends très bien, c’est pour permettre au Seigneur d’agir plus directement sur votre âme et vous avoir encore plus près de lui, sans les risques et les dangers extérieurs.
Avant ce premier livre qui vient de paraître, vous tenez d’autres écrits qui n’ont pas été publiés…
J’avais beaucoup d’écrits personnels et, à un moment donné, le Père José Rubén m’a dit que c’était pour tous ses enfants. Quand j’ai rencontré le Père Rubén voilà 10 ans, il a cru, il m’a beaucoup soutenue. Mais un an après il m’a dit: «Sulema, ces écrits étaient pour tous les enfants de Dieu, il faut les partager.» Alors j’ai demandé: «Savez-vous, mon Père, quand l’heure va arriver?» Il a ri et a dit: «Le Seigneur va nous faire un signe.»
(à suivre)
Notes:
(1) L’onction est une manifestation de l’Esprit Saint plus forte qu’une effusion de l’Esprit Saint. Dans onction, il y a durée, consécration et mission.