La Sainte Famille et les quatre animaux
Ghiaie di Bonate - Italie
A Ghiaie di Bonate, les apparitions sont très orientées sur la famille, puisque la Sainte Famille y apparaît et puisque la Vierge Marie tient dans ses mains un couple de colombes. A travers la vision bucolique et familière donnée à la petite Adelaïde Roncalli lors de l’apparition du 24 mai 1944, c’est tout un enseignement fondamental qui est proposé aux familles pour les inviter par la prière, (les animaux sont à genoux) à cultiver spécialement quatre vertus: la douceur, le silence, la fidélité, la patience. Voici un extrait du «Journal» d’Adélaïde qui décrit la scène.
«Même cette apparition fut précédée des colombes et dans le point lumineux, se manifesta la Sainte Famille, vêtue comme hier et située au milieu d’une église. Dans les environs de la porte principale, il y avait: un âne couleur grisâtre, une chèvre blanche, un chien au poil blanc avec des taches brunes, un cheval de cette même couleur brune. Tous les quatre animaux étaient agenouillés et remuaient la gueule comme s’ils priaient. Tout à coup, le cheval se leva en passant près des épaules de la Madone, il sortit par la porte ouverte et emprunta le seul chemin qui conduisait à un champ de lys, mais il n’eut pas le temps d’en piétiner autant qu’il voulait parce que saint Joseph le suivit et le reprit. A peine le cheval vit-il saint Joseph qu’il tenta de se cacher près du muret qui servait d’enceinte au champ des lys: ici, il se laissa saisir avec docilité et accompagné de saint Joseph, il revint à l’église où il s’agenouilla et reprit la prière. Ce jour-là, j’expliquai ce fait en disant seulement que le cheval était une mauvaise personne qui voulait détruire les bonnes. A présent, je peux tout simplement mieux expliquer les sentiments que cette vision provoqua en moi. Dans le cheval, je vis une personne orgueilleuse et méchante, avide de domination, laquelle après avoir abandonné la prière, voulait détruire les lys de ce magnifique champ en piétinant et détruisant en cachette leur fraîcheur et leur simple candeur. Il est à noter que pendant que le cheval ravageait ce champ, il faisait preuve de malice, parce qu’il cherchait à ne pas être vu. Quand le cheval vit saint Joseph se déplacer pour le retrouver, il mit fin à sa dévastation furtive et essaya de se cacher près du muret de l’enceinte du champ. Saint Joseph, s’étant rapproché de lui, le considéra avec un doux regard réprobateur et le conduisit à la maison de prière. Tandis que le cheval faisait des dégâts, les autres animaux n’interrompirent pas la prière. Les quatre animaux représentent les quatre vertus indispensables pour former une Sainte Famille. Le cheval ou le chef qui ne doit pas abandonner la prière, parce que loin de celle-ci, il n’est capable que de semer le désordre et la ruine. Il répudie la patience, la fidélité, la douceur et le silence familial représentés par ces bêtes symboliques. Dans cette vision, personne ne parla et lentement, tout disparut.
N.B. Les taches particulières du poil du chien caractérisent la fidélité familiale tant corrompue. La porte ouverte du temple symbolise la liberté que Dieu accorde à chaque créature.»
Mais que voyaient ces yeux?
La grande vision silencieuse racontée aujourd’hui par Adélaïde dans son «Journal» est une scène par certains aspects surréaliste (les quatre animaux qui prient à genoux dans une grande église, le cheval qui s’enfuit en courant pour piétiner un champ de lys, etc.), et apocalyptique sous un autre angle de vue: le symbolisme qui y est sous-entendu, bien loin de pouvoir être le fruit de l’imagination infantile d’une fillette de 7 ans très peu instruite et de plus, douée de très peu d’«imagination créative» (d’après l’expertise du Père Agostino Gemelli), représente la métaphore et la synthèse du message de Ghiaie di Bonate pour la sanctification et l’union de la famille chrétienne sous le manteau et entre les mains maternelles de la Très Sainte Vierge Marie: il s’agit d’une image en mouvement d’une beauté, d’une originalité et d’une richesse de détails et de nuances telle qu’elle mériterait à elle seule d’y consacrer un livre entier pour en examiner attentivement certains aspects.
En revanche, je tiens ici à souligner l’originalité de l’expression du message, une modalité particulière adaptée à une enfant habituée aux scènes champêtres, amie des animaux, peu passionnée par la lecture mais très vigilante dans l’observation de la nature («… intelligence prompte, intuitive, avec une prévalence des fonctions basées sur l’observation» d’après un autre extrait de l’expertise de Gemelli): la belle Dame n’aurait vraiment pas pu choisir meilleur moyen que celui-ci pour faire passer à sa «chère petite» un message si riche et complexe, aussi précieux et important pour l’humanité, en la faisant assister, comme dans un grand théâtre, à une sorte de film, une petite fable vivante, animée aussi bien par des personnages humains que par le règne animal sous la casquette d’acteurs, de sorte à bien imprimer dans les yeux, dans l’esprit et dans le cœur de la petite messagère ce que nous pouvons définir comme le plus beau message facilitant la mémorisation que la Sainte Vierge ait jamais adressé, dans ses nombreuses apparitions sur terre, à la famille humaine, petite église domestique.
La grande vision silencieuse de ce soir, dimanche 21 mai 1944, constitue en synthèse le cœur battant des apparitions de la Sainte Famille à Ghiaie di Bonate.
Mais où se situe la scène et pourquoi justement là?
Qui sont les personnages qui l’animent et que symbolisent-ils?
Que signifie le mouvement qui s’articule au sein de la scène centrale et quel est le sens de la présence de certains animaux de la campagne et quel message véhiculent-ils?
Quel est donc le rôle, central et irremplaçable de saint Joseph et de la Sainte Famille ainsi que la valeur de leur exemple dans la vie de nos familles pleines de problèmes et de souffrances?
Ce ne sont que quelques-unes des nombreuses propositions et provocations suggérées par la scène que les petits yeux ingénus d’Adélaïde Roncalli contemplent ce soir, sans jamais cligner…
«Je suis encore à Ghiaie di Bonate»,
Lucia Amour, pp. 129-135