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Façonner son cœur à l’exemple du petit Enfant Jésus

Léonie Nastal — «J’ai cru à l’Amour»

Jésus, c’est lui, l’Epoux! Il est bon, pour se préparer à accueillir l’Enfant Jésus, d’entendre les confidences de son Cœur à Sœur Léonie, pour comprendre ce qu’il attend de chacun: «Tous les pauvres, venez donc au Petit Enfant Jésus, il vous montrera un exemple accessible à imiter».

Une fois, méditant ce que Jésus me disait jusqu’alors sur la toute petite enfance spirituelle, je réfléchissais: en quoi pourrais-je encore imiter le petit enfant. Jésus a recueilli mon âme et il m’a dit: en suavité et en douceur. Dans un bébé humain, c’est un trait naturel d’être doux, mais une âme qui, par amour et volontairement, s’est faite enfant selon l’esprit, c’est en cela qu’elle devrait se rendre semblable à Jésus, Petit Enfant divin. Jésus petit Enfant portait en lui toutes les souffrances qui l’attendaient. Qui plus est, il sentait en son Cœur toutes les souffrances de tous les êtres humains, il sentait chaque douleur et chaque larme de tout homme: les larmes des mères, des veuves et des orphelins. Tout cet océan de douleur inondait l’âme de Jésus, et pourtant, il ne l’a montré à personne. Par amour il s’est fait muet pour ne pas dire un mot de ce que souffrait son Cœur. La douceur et la sérénité rayonnent de son visage d’enfant. Il laisse les bergers et les sages le prendre dans leurs bras, il les comble de son sourire et de son regard plein d’amour. Combien heureux est le sort des âmes qui voudront librement imiter Jésus nourrisson dans sa crèche. La douceur, la bénignité ne sont guère appréciées du monde, tandis que Dieu les voit tout autrement. Etre doux de cœur, alors que la douleur remplit l’âme, où tout paraît se conjurer pour le malheur de l’homme – c’est un héroïsme que seule la petitesse peut se permettre quand elle devient petite enfance.
Je viens chez vous, mes petits enfants, chercher la consolation et l’apaisement. C’est ainsi que fait le Père. Quand il voit que ses aînés, coriaces et durs, suivent leur propre volonté pleine d’entêtement, dédaignent leur Père, son Cœur est serré de douleur, sa tête s’incline sous le poids des soucis, de ses yeux coulent des larmes amères. Tout d’un coup, arrive vers lui un petit enfant qui commence à peine à marcher, il entoure la tête du père de ses menottes, lui gazouille et le caresse. Les yeux encore en larmes, le père commence à sourire. Et bien qu’il n’oublie pas encore l’outrage tout récent, car les autres sont ses enfants aussi, néanmoins il est soulagé et réjoui, voyant qu’il y a quelqu’un qui l’aime par-dessus tout.
Ma petite enfant, donne-moi toute cette amabilité dont tu es capable, viens devant le tabernacle aussi souvent que tu le peux. Viens tout droit à mon Cœur, viens dans mes bras. Tes douces larmes, je les accepterai comme réparation pour l’oubli des autres. Dis à tes consœurs que, par amour pour moi, elles gardent pendant la journée – ne fût-ce qu’une heure – un silence strict en réparation pour tant d’indifférence de la part des gens mondains. Je vous en serai reconnaissant.
Léonie, la voie de la petite enfance spirituelle est accessible à tous. Pour y entrer, il faut descendre du haut de son orgueil, de ses ambitions prétentieuses et des sommets de sa grandeur illusoire dans les vallées de l’humilité et de l’oubli de soi. Le bas peuple, sans érudition, peut monter sur ce chemin sans crainte de ne pas connaître les sommets cachés devant ses yeux. Dans les vallées de reconnaissance de sa propre misère et faiblesse, on ne subit pas de vertiges. Sur le chemin de la petite enfance spirituelle, celui de l’imitation de Jésus Petit Enfant, peuvent facilement entrer aussi ceux qui ont soutenu un doctorat. Il leur suffit de se rappeler que Jésus Petit Enfant était la sagesse même, et pourtant il s’est fait doux, humble et inconnu. Si un poste met les scientifiques sur le lampadaire, qu’ils s’efforcent eux-mêmes de rester humbles, doux, bienfaisants et qu’ils soient pour l’entourage ce qu’est le soleil bienfaisant pour la terre, pour les bons et les méchants. Si après leur travail professionnel ils rentrent au temple de leur cœur, ils y trouveront Jésus qui restera avec eux confidentiellement et amicalement. Et s’ils s’avèrent doux et humbles de cœur, il leur dévoilera les mystères de la sagesse qui engendre assouvissement, paix, bonheur après quoi languit tant le cœur humain. Le savoir ne peut jamais être un obstacle pour l’union avec Dieu parce que, derrière lui, se cache Celui qui crée aussi bien les esprits qui recherchent le savoir que ce qui peut les assouvir. Les grands esprits trouveront le repos auprès du Petit Jésus. Les petits esprits trouveront la grandeur – qu’ils désirent ou qu’ils envient peut-être aux autres – auprès de Celui qui s’est anéanti lui-même, devenant petit. Sais-tu, Léonie, pourquoi je parle si amplement de cette petitesse? C’est que le Père céleste désire s’entourer de ses plus petits enfants. Lui, le plus grand et illimité, ce sont les plus petits qu’il aime le plus tendrement. Ceux qui grimpaient de plus en plus haut et voulaient l’égaler, il les précipita dans l’abîme, et pour cela ceux qui s’abaisseront, il leur prépare les sièges les plus hauts, afin qu’ils soient le plus près possible de sa hauteur infinie.
Pour mes épouses, Léonie, pour les âmes religieuses, cette voie est la plus sûre. Dans le Petit Jésus vous trouverez un exemple à imiter en tout. Peut-être à plus d’une d’entre vous il paraît difficile d’imiter Jésus parcourant des bourgades et des villages, d’enseigner les autres, de discuter avec les docteurs, comme le faisait Jésus, Maître de Nazareth. Il se peut qu’il vous paraisse difficile et impraticable de vivre la passion douloureuse de Jésus, les tortures et sa mort sur la Croix. Peut-être pensez-vous que personne ne viendra vous clouer à la croix, suite à quoi, Jésus crucifié sera dans votre cœur uniquement l’objet de votre glorification et d’amour, et non d’imitation. Peut-être à plus d’une d’entre vous de pareilles pensées sont passées par la tête
et le découragement envahissait votre cœur… Venez donc au Petit Enfant Jésus. Venez et il vous montrera un exemple à imiter, un exemple accessible et attrayant, agréable et fascinant. Le Petit Jésus vous apprendra jusqu’où vous devez aller dans la fidélité
à l’observance des vœux religieux.
La pauvreté. – Ne vous imaginez pas, mes épouses, que votre maison ou votre cellule est trop étroite ou incommode. Le Divin Enfant n’avait pas où mettre sa tête, il s’est donc reposé dans une étable. Pour berceau il avait une crèche de pierre, pour coussin: du foin, pour vêtement: de modestes langes. Laquelle d’entre vous, voyant Jésus dans de si modestes conditions, oserait se plaindre des incommodités et des manques?
Sache-le bien, ma petite sœur, tous les murmures qui s’échappent parfois des âmes religieuses à cause des manques matériels, viennent de ce que ces âmes regardent des personnes laïques ou des personnes religieuses sécularisées au lieu de regarder Jésus. Pourquoi donc ont-elles quitté le monde? N’est-ce pas pour le détester et pour mieux servir d’exemple aux autres, pour, cheminant vers le ciel, indiquer aux égarés des sentiers bien droits?
La pauvreté, il faut l’accueillir librement comme choix de vie évangélique, pauvre, mais en plus, il faut l’aimer et se réjouir des manques, tout comme l’a fait le Petit Jésus. Mes enfants, n’amassez pas de biens matériels et surtout n’y attachez pas votre cœur. Au ciel vous trouverez des trésors impérissables (cf. Mt 6,19-20). Plus vous allez vous dépouiller des choses d’ici-bas, plus je saurai vous enrichir pour l’éternité. Les bébés se contentent de peu. Leurs exigences sont très modestes: tâchez d’être comme eux, vous aussi, car vous avez fait vos vœux religieux de pauvreté; soyez fidèles, sachez bien garder les trésors jurés à votre Epoux divin. Venez en esprit au Petit Enfant Jésus, il vous enseignera par son exemple comment garder la pauvreté. Léonie, qu’en penses-tu, tous ceux qui souffrent l’indigence, la misère et la famine, n’auraient-ils pas trouvé l’apaisement pour les cœurs remplis de chagrin? Tous les pauvres, venez au Tout Petit Jésus. Il essuiera vos larmes. Peut-être vous repousse-t-on de la porte de la maison, ferme-t-on devant vous les portes quand vous venez vous chauffer et vous rassasier? Mais, a-t-on préparé un meilleur sort au Roi du ciel, au Créateur de l’univers? Encore caché dans le sein de sa Mère Immaculée, il n’aurait pas pu occuper une place à part, et pourtant il n’a même pas trouvé un seul domicile où se reposer. Veut-on peut-être se débarrasser de vous par crainte de voir se rétrécir la richesse et diminuer le prestige? Moi-même, j’ai dû me réfugier en Egypte, bien que je n’aie fait aucun tort à personne. Votre pauvreté vous rend semblables à Jésus.
Savez-vous ce qui vous diffère de lui à cet égard? C’est le manque d’amour de la pauvreté, le manque de motivations plus élevées et le manque de souvenir de Jésus. Si vous allez façonner vos cœurs à l’exemple de Jésus, si vous allez soumettre vos exigences suivant le programme avancé par Jésus, vos larmes sécheront et vous trouverez un doux repos au milieu des conditions de vie les plus atroces.
Ce livre, un sommet de la mystique contemporaine! Il recèle vraiment des trésors à découvrir pour apprendre à aimer réellement Jésus selon Jésus-Christ! Ce livre? un «direct» (live) entre Jésus et l’âme!

«J’ai cru en l’Amour», pages 123-127

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